Un titre comme ça, ça ne fait pas rêver! Desperate housewife ça la fout mal. Et pourtant. Parmi les gros changements opérés ces derniers temps, j’ai revu mes ambitions professionnelles pour un revirement à 180° de « carriériste » à « mi-temps administratif » et fière de l’être. Fière? Comment? Je vous explique tout ça ici.
Il y a un peu plus de 15 ans je me voyais sans mari (désolée pour mon homme), sans enfants, avec un bon boulot très très prenant, une belle carrière, plein d’argent. Vraiment ça me faisait rêver. J’ai en partie pris cette voie professionnelle en y embarquant l’homme de ma vie aujourd’hui père de mes deux petites têtes blondes. Grosse boîte prometteuse, progression correcte, changements de postes intéressants, on y parlait « plan de carrière », ces mots clés qui passent bien lors des soirées entre amis et surtout en famille. Ce genre de vie professionnelle rassure, parfois même donne envie. On pourrait en être fier. Seulement quand ça ne nous correspond pas, on a du mal à y croire. On se verrait bien n’importe où mais pas dans cette peau-là. Pour ma part je rêvais de m’occuper de moutons, poules etc dans une ferme au beau milieu de la campagne. Je me rendais bien compte que je n’étais pas à ma place dans cette vie mais sans savoir ce que je voulais. Parce que quand on a fait des études, qu’on a trouvé un bon boulot, on fait une belle carrière. En tout cas c’est comme ça que je l’entendais. Ensuite, schéma malheureusement devenu classique: burn out, grosse remise en question et là plus moyen de revenir en arrière.
Alors plutôt que de reprendre les mêmes et de recommencer, j’ai appris à remettre les choses en question, mais vraiment. Cette vie ne me convenait pas, et encore moins à ma famille vu l’ambiance tendue à la maison. Mais alors que faire? Tout d’abord accepter que je n’étais pas la carriériste qui me faisait rêver à 20 ans et dans les films, et puis l’assumer. Et avec ça tout recommencer.
En faisant le bilan de ce que je voulais faire et ne pas faire (très important), j’ai commencé à chercher un temps partiel dans mon coin, sans savoir quel type de job. Je voulais découvrir quelque chose de nouveau tout simplement. Travailler dans un magasin, dans un petit bureau sans responsabilité, bref juste de quoi me permettre de retrouver le chemin du travail sans stress et tout en m’amusant. Lors d’interviews j’osais dire que je voulais un job dans lequel je m’amuserais. Autant dire que ça change du classique « je suis hyper flexible, résistante au stress, le travail ne me fait pas peur etc etc ». Non je ne suis pas comme ça! Mon corps n’a jamais résisté au stress, je suis flexible mais j’ai mes limites et franchement j’aime bien aussi ne rien faire, même si je suis une bosseuse très motivée. Et j’ai très vite trouvé.
De superviseur responsable d’une petite équipe, je suis passé à assistante administrative (secrétaire en somme) à mi-temps. BAM! Autant dire que ça a généré quelques questions dans mon entourage tout à fait bien intentionnées et compréhensibles du genre « tu n’as pas peur d’être trop qualifiée? ». Mais au fond c’est quoi être qualifiée? Il est vrai que j’ai gagné de l’expérience en gestion de projet, d’équipe même, j’ai parlé anglais pendant presque 8 ans etc etc. J’avais donc certaines qualifications. Plus mon diplôme mais soyons honnêtes 15 ans après ça ne veux plus dire grand chose. Et surtout je n’étais pas heureuse, pas du tout. On a beau dire ce qu’on veut, l’épanouissement au travail facilite bien des choses tant au niveau professionnel que personnel et familial.
Aujourd’hui je suis contente d’aller le matin au boulot, de retrouver mes collègues, de savoir les projets sur lesquels je vais bosser. Je n’ai ni responsabilités (ou très peu), ni stress et ça me fait un bien fou. Et quand je ne travaille pas, j’ai du temps pour moi, pour développer une petite activité complémentaire (dont je vous parlerai tout bientôt), mais aussi pour mes enfants. Je fais partie de ces mamans qui sont parfois là à la sortie de l’école et qui déposent leurs enfants à l’aise le matin. Ces mères que je jugeais avant, non pas par moquerie mais plutôt par jalousie. « Ouais elle peut se le permettre! ». « Moi j’ai pas le temps, je bosse! ». J’ai le temps de les amener à leurs activités, de faire les devoirs à l’aise, d’aller à la plaine de jeux après l’école, et en plus de leurs faire des collations maison le soir. LE CLICHE!! On est en plein dans le schéma de la mère au foyer qui a décidé de « sacrifier » sa carrière pour sa famille. Détrompez vous, je n’ai rien sacrifié. J’ai tout simplement compris que ce n’est pas d’une belle carrière dont j’avais besoin mais d’une belle vie, faite de moments seule et en famille, d’un peu de liberté, de temps et d’une variété d’activités que mon quotidien d’avant ne me permettait pas de faire. Et ça me convient. C’est clair que les rentrées financières ont quelque peu diminué, mais on s’en sort grâce à notre mode de vie presque zéro déchet (je l’explique plus en détails dans mon article Petites et grandes économies), au fait que je fais beaucoup moins de kilomètres pour aller bosser, que les enfants ne vont quasi plus à la garderie, beaucoup moins en stage, que je fais plein de choses moi-même. Et surtout quand on se sent mieux on a franchement beaucoup moins ce besoin d’aller au magasin acheter une babiole made in China ou de refaire sa garde-robe pour décompresser d’une semaine stressante.
Je ne veux pas vanter les mérites d’un mi-temps administratif, je veux juste vous dire que j’ai accepté de me voir telle que j’étais, avec mes envies, mes valeurs et que cela m’a permis non pas de sacrifier une carrière mais de vivre pleinement ce nouveau mode de vie.
Quelque soit le boulot, trouvez celui qui vous correspond et qui vous rend vraiment heureux vous, non pas votre famille ou vos amis. Je ne dis pas que c’est facile, le passage par la case épuisement professionnel n’a pas été une partie de plaisir. Mais force est de constater que quand on cherche dans SA bonne direction, on trouve peut-être plus facilement.
Osez assumer vos envies, et non celles que les autres ont pour vous.
« Soyez vous-même, les autres sont déjà pris. » Oscar Wilde (1854-1900)
Bravo. Cela fait 12 ans que je m’occupe de la famille à plein temps et je n’ai pas regretté mon choix (et pas sacrifice) une seule seconde! Et ce malgré les langues bien- ou mal- intentionnées me demandant « mais alors, qu’est-ce que tu fais dans la vie? » À chacun son choix, et le respect de tout travail- c’était bien le but du mouvement féministe, non?
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Bonjour Sophie, votre article me parle beaucoup… Je faisais un boulot très prenant que j’adorais… mais que me laissait trop peu de temps à mon goût pour m’occuper de mes petits… Alors je suis partie… et depuis je galère… un boulot dans lequel je ne n’ai plus réussi à trouver d’épanouissement après 5 ans, et maintenant plus de boulot du tout = pas tenable financièrement… Je cherche un mi-temps et je viens de postuler comme assistante de direction mais j’ai peur de ne pas y trouver de sens et du coup d’y mourir d’ennui… dur dur de tout concilier… Un mi-temps prenant, est-ce forcément incompatible? 😉
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Merci pour votre message et courage pour la suite Vinch. Dès le moment où on se sent bien dans son boulot, je ne pense pas que le fait qu’il soit prenant soit un souci, que ce soit à temps partiel ou plein. A partir du moment où on s’y sent bien. Mais je suis bien consciente que ce n’est pas évident de trouver la solution idéale. Je constate juste que quand on sait ce que l’on cherche et que l’on y croit, les choses se mettent parfois en place plus vite qu’on ne le pense. J’ai aussi appris à mes dépends (et finalement tant mieux) qu’un emploi peut vite prendre beaucoup trop de place dans une vie au détriment de plein d’autres richesses qui ne nécessitent ni qualification ni salaire… Et parfois une offre d’emploi qui semble peut-être ennuyeuse peut cacher bien des surprises 🙂
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